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Anto Carte (1886-1954)

Peintre affectif à l'initiative du groupe Nervia

Fils de menuisier montois, Antoine Carte (son nom d'état civil) naît à Mons, le 8 décembre 1886, en la rue Sans Raison (aujourd'hui rebaptisée rue Antoine Clesse). Doué pour le dessin, il devient apprenti chez le peintre décorateur François Depooter. Vers 1905, il suit les cours de A. Bourlard et de E. Motte à l’Académie de Mons. C’est vers 20 ans qu’il prend le pseudonyme de Anto Carte. De 1908 à 1910 il poursuit sa formation à l’Académie de Bruxelles chez Constant Montald, E. Fabry et Jean Deville. Parallèlement à cet enseignement, il effectue des travaux de décoration et se familiarise avec les techniques les plus diverses telles que: modelages, céramique, taille du bois, tapisserie... Il signera également des décors et costumes de théâtre, voire des billets de banque, des têtes de billets de marionnettes ou encore des meubles. Il dessina aussi un diplôme d'enseignement primaire pour les enfants issus des écoles communales de Mons, vers 1916.

Décorateur, illustrateur et artiste

Il créa de superbes affiches pour les "animations de la ville de Mons", la "kermesse de Messine" ou le "Combat dit Lumeçon", et bien sûr cette célèbre affiche de 1922 commémorative de la Bataille de Jemappes.

L'art du début du XXe siècle déborde de nouvelles tendances dues aux nombreux changements économiques, sociaux et politiques survenus à la fin du XIXe siècle. Le jeune Antoine Carte vit la frénésie de cette époque charnière, à la fois avec recul et déférence. Tout en se tenant à l'écart des grands courants artistiques, il est avide de s'ouvrir à l'avant-garde parisienne.

En 1911-1912, il reçoit une bourse et part à Paris où il découvre le symbolisme et travaille chez un décorateur de l’entourage de L. Bakst. Lors de son séjour dans la capitale européenne des arts, il fréquente le Louvre où il étudie la peinture italienne des XVe et XVIe siècles. Puis il étudie la fresque à Florence. Anto Carte se marie en 1913 avec Louisa Dujardin à Mons d’où ils partent ensemble habiter à Bruxelles. Il y divorce et épouse en seconde noce Julia Franz. Anto Carte voyage au Maroc, en Espagne, en Italie et aux U.S.A, rencontre Emile Verhaeren (1912), dont l’œuvre poétique l’influencera considérablement, et dont il illustrera par ailleurs plusieurs poésies.

Peintre humaniste ?

Sa carrière s'amorce dès 1917 grâce au succès de sa première exposition à Bruxelles. A Pittsburgh (USA), les soixante toiles d'Anto Carte exposées sont vendues. Il enseigne d'abord l’aquarelle à l’Académie de Mons mais quitte sa ville natale pour enseigner à Bruxelles, s'installant à Wauthier-Braine (Brabant Wallon), et perdant quelque peu la source vive de son travail, à quelques exceptions près (Le Passeur d'eau date de 1941). A ses yeux, la terre n'est plus à labourer mais est réduite au rang de décor. Les gestes de travail ne l'intéressent plus (il ne les voit plus?). Or, tout l'humanisme d'Anto Carte vient de la représentation du travail mais surtout du questionnement profond, douloureux, authentique qui a été le sien durant sa première époque. Il ne suffit pas de mettre des personnages humains en scène pour être artiste humaniste. Le peintre montois était direct; sa peinture ne s'adressait pas prioritairement à l'intellect, mais à ce qui émeut, à ce qui nous remue. Il fut l'un des grands peintres à avoir cultivé sans fioritures, ni subtilité intellectualiste, ce qui est l'un des traits majeurs de notre culture: celui de l'affectivité inter-subjective.

Le groupe Nervia

Il enseigne la décoration théâtrale à la Cambre et devient professeur à l’Académie des Beaux Arts de Bruxelles (1932) où il dirige les ateliers d’art décoratif et monumental, y enseigne le vitrail, la fresque, la tapisserie … Anto Carte est l’un des fondateur du groupe Nervia (1928) dont l’exposition constitue un des grands tournants de sa carrière artistique. Il travaille avec Pierre Paulus, Taf Wallet, Léon Navez, Louis Buisseret, Rodolphe Strebelle, Frans Depooter et Léon Devos. Le groupe Nervia fut créé afin de se différencier du courant expressionniste dans lequel certains le conféraient. Nervia marquera son empreinte sur l’art en Hainaut et ailleurs pendant la période de l’entre-deux-guerres, inspiré par les maîtres italiens de la Renaissance mais proposant une sensibilité renouvellée par rapport aux thèmes traditionnels. On parlera plutôt d'art humaniste et social.

Peintre à la fois expressionniste et symboliste, Anto Carte excelle dans le dessin. Son trait circonscrit avec une élégante netteté la silhouette de ses personnages, les détails d'une nature morte ou d'un paysage. La composition de ses œuvres est pensée longuement, la ligne est rigoureuse, le trait net, le dessin domine la couleur. Il eut le bonheur de trouver son style personnel dès ses débuts et put l'approfondir, le nuancer, le spiritualiser tout au cours de sa vie. Sa culture humaniste le porte à la représentation de la figure humaine. Son enthousiasme pour Verhaeren, qu'il rencontre à Paris, détermine le choix des sujets de sa première période, tels le pêcheur et le passeur d'eau. Certaines de ses œuvres inspirées de l’Evangile le font comparer à Breughel, d’autres inspirées par le terroir (paysages, représentations d’ouvriers, de femmes et d’enfants) évoquent les peintres siennois des XVe et XVIe siècles. Lorsqu'il aborde le monde des arlequins, des musiciens ou des clowns, sa peinture se fait plus légère, la lumière y joue un rôle plus subtil et ajoute à la grâce de la composition le charme de la poésie.
Anto Carte décède à Bruxelles le 15 février 1954.

Sources

  • Pascale Van Zuylen, Anto-Carte Rétrospective (1886-1954), Musée des Beaux-Arts de Mons, 1995.
  • Richard Miller, Anto Carte, conférence, janvier 2004.
  • Art memoires.com
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